La Place de Marie dans l’Evangile de Saint Jean

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Chers frères loué soit Jésus Christ ! Loué soit Jésus Christ parce qu’il nous aime. Je veux à travers ces quelques lignes réfléchir sur la place de la Vierge Marie dans l’Evangile de St Jean.

St Jean, la tradition le présente comme un Aigle. L’Aigle est cet oiseau de la famille des rapaces capable de voler le plus haut possible et de cette hauteur, déchirer  l’air pour saisir sa proie si minuscule soit-elle ou cachée. Ceux qui ont une fois fait la chasse savent combien de nulle part, du déchirement de l’air, l’Aigle  ne s’attaque à une perdrix qui échappe à la vigilance du chasseur.

C’est ainsi que St Jean, est peint par la tradition. Sa capacité à percer l’invisible, le mystère de Dieu et  de le livrer à ceux qui ont le cœur pour les yeux. Ainsi, St Jean commence son Evangile presque par Marie qui intercède et le finit par Marie qui offre, qui offre son fils à Dieu pour le salut du monde. Comment Marie apparaît-elle aux noces de cana ?

La place de Marie dans les noces de Cana

Marie au centre des noces de Cana

« Il y eut des noces à Cana de Galilée, et la Mère de Jésus y était. Jésus aussi fut invité à ces noces » (Jn2.3). St Jean ne présente pas Marie comme une invitée à ces Noces. Elle est là comme fessant partie de la famille qui célébrait les noces. Mais cependant, grâce à Marie son fils aussi fut invité et avec lui ses disciples. Nous le savons, dans nos traditions africaines, on n’invite pas un  membre de la famille, on l’informe. Après la famille on pense aux personnes importantes et à des amis ou à des proches qui reçoivent une invitation spéciale. Ce fut le cas de Jésus.  Jésus pouvons-nous dire, selon la présentation de St Jean, tient son invitation de sa Mère. A certaines rencontres les enfants ne participent ou s’il y a lieu, il reçoive là une invitation particulière, je dis particulière parce qu’elle peut tenir lieu d’une convocation. Et surement c’est parce que Jésus est le fils de la Vierge Marie qu’il est invité.

Pour St Jean on peut dire que Marie est au cœur de ces noces et que ce qui se réalise, le pouvait sans le fils. Cependant, pour souligner l’humilité de la Vierge Marie, il fait apparaître le fils qui opère le miracle.

L’humilité de la Vierge Marie

Marie dans l’évangile de St Luc se présente comme l’humble servante du seigneur à travers son magnificat (Lc 1, 48). C’est cette humilité que St Jean  peint d’une part à travers les noces de cana. C’est Marie qui est attentive au manque de vain : « Ils n’ont pas de vin » (Jn 2,4). Une lecture non chrétienne pourrait présentée Jésus comme inattentif aux besoins des gens  De cette lecture, il est incontestable que Marie est attentive à nos besoins. Elle couvre nos lacunes, de telle sorte que nous n’apparaissons pas nus devant le regard accusateur et coupable du monde.

Elle brave la dure parole humainement parlant de son fils pour, comme le réveiller et lui montrer qu’il a le pouvoir sur toute chose. Elle actualise et rend présent le non-être. « Que me veux-tu, femme ? Mon heure n’est pas encore arrivée » (Jn 2,5), paroles qui n’arrêtent pas l’audace de la Vierge  Marie. Elle bouleverse l’emploi du temps de son fils. Et ceci pourquoi ? Juste pour couvrir la honte des mariés et par eux participer au  bonheur des pécheurs que nous sommes. Sommes-nous conscients de cela ? Pouvons-nous nous mettre à la place de la Vierge Marie et mesurer la résonnance de ces paroles du fils à sa mère ? « Que me veux-tu, femme ? » qu’elle honte humaine ! Mais l’amour se moque de l’humiliation quand il s’agit de faire du bien. Je n’affirme pas que Jésus a humilié sa Mère, nullement ; mais je ramène le fait à l’anthropologie c’est-à-dire la compréhension humaine du rapport enfant-parent.

Essayons de questionner chaque mot ou parole de la Vierge Marie, pour oser comprendre la trame. Prenons d’abord la première  parole qui dit : « Ils n’ont pas de vin. » (Jn 2,4) C’est une information que Marie apporte à son fils. Mais en quoi cela concerne ou Marie ou Jésus ?

Marie

Deux hypothèses peuvent attirer notre attention :

  • La première nous l’avons souligné plus haut c’est que Marie apparaît comme membre de la famille de ceux qui célèbrent les noces, et pour cela elle n’a pas besoin d’invitation. Elle est concernée par les préparatifs des noces. Et pour cela elle n’a pas besoin d’invitation. Ceci aussi se remarque lors de sa visitation à sa cousine Elisabeth : informée par l’Ange Gabriel de la situation de sa cousine, elle ne s’est pas faite priée pour voler à son aide où elle passa trois mois (Lc 1, 39…). Mais ce serait trop simpliste de s’arrêter à ce simple fait car elle n’est pas seulement membre de cette famille. Alors, qu’est-ce qui caractérise plus son geste ? ce qui nous invite à décortiquer la seconde hypothèse.
  • C’est à elle que revient le pouvoir de donner de ce vin. Car elle est mère de l’impossible possible. C’est elle qui nous donne le Dieu invisible visible. Cependant, son humilité, son abaissement fait qu’elle laisse la place à celui qui fait d’elle la mère de l’impossible possible, de rendre possible l’impossible. Il faut qu’il grandisse et que je diminue. Comme le dira Jean Baptiste ( Jn 3.30)

Jésus

« Ils n’ont pas  de vin.» En quoi ceci concerne-t-il Jésus-Christ ? Mais il est présenté comme un simple invité ! Ou bien est-ce dans la culture juive que l’invité participe  avec une bouteille de vin comme cela se fait dans d’autres cieux ? Est-ce que Jésus gardait l’argent de la famille (économe de la famille) et qu’il pouvait sortir de l’argent pour faire acheter du vin ?

Cependant, toutes ces questions n’ont aucune importance par rapport à la suite de la scène.

Fr. David  MIGNOUNA (SM)